Pourquoi le vaccin fait flipper les Français
10/12/2009

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Pourquoi le vaccin fait flipper les Français

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Pantin (93) – Il y avait Notre-Dame-des-Landes, Bure ou Roybon. Depuis le vendredi 13 janvier, la Seine-Saint-Denis a aussi sa Zad. A Pantin, l’association Pantin Patrimoine, accompagnée d’un collectif de riverains, a déclaré le restaurant centenaire Le Bougnat « Zone à défendre » . Le troquet, inclus dans un ensemble de bâtiments industriels, a été acheté par la mairie de Pantin en juin dernier. Il doit fermer ses portes aujourd’hui.

La première Zad de Seine Saint-Denis est né

La première Zad de Seine Saint-Denis est née / Crédits : Tomas Statius

A la place, la municipalité compte construire un ensemble de logements sociaux, un parking et des commerces. « Ce projet, on l’a découvert dans les colonnes du Parisien » , s’insurge Louis-Pierre Samain, vice-président de cette asso qui mène la fronde. Ce vendredi, ils sont une cinquantaine à écouter le quadra, barbe de trois jours et pull à grosses mailles sur le dos. « 2.000 pantinois ont signé notre pétition pour s’opposer à la fermeture du Bougnat » , lance-t-il à la foule au cours d’une conférence de presse :

« C’est un lieu de convivialité et de mixité. Un lieu de patrimoine et un lieu social. C’est pour ça que l’on a considéré qu’il devait devenir une Zone à défendre. »

Non à la destruction du Bougnat

Non à la destruction du Bougnat / Crédits : Tomas Statius

Contre les bulldozers

Les zadistes ont installé leur barda sur la place Olympes de Gouges, à deux pas du Bougnat. Affiches et pétitions de soutien sont empilées sur une petite table de camping. « Cette décision a été un peu prise dans l’urgence, on attend les bulldozers. Il fallait agir » , confie Michel Le Bec, le président de l’association Pantin Patrimoine. L’homme connaît l’histoire du lieu sur le bout des doigts :

« Cette maison a été construite par un architecte en 1910. Regardez la frise de briques en dessous de la fenêtre au dernier étage. Elle est très typique de l’époque. »

Patrimoine ouvrier

« Le 93, c’est aussi une population ouvrière qui est là depuis longtemps. Il ne faut pas les oublier » lance Waël. Cet été, le jeune mec a réalisé un documentaire sur les curiosités du 93, dont on vous parlait sur StreetPress . Lui aussi est là pour s’opposer à la destruction du Bougnat :

« Dans tout le département, les projets immobiliers se multiplient mais ils sont faits sans la population. La démocratie locale, ça n’existe pas. »

A l'ancienn

A l'ancienne / Crédits : Tomas Statius

A Pantin, les projets d’extension d’Hermès, installé depuis 1993, et l’arrivée de nouvelles boîtes comme BETC ont accéléré l’exode des classes populaires et la réhabilitation à marche forcée du centre-ville. Il y a 10 ans, l’ancien maire, Jacques Isabet, a déclaré une partie du quartier Hoche comme une ZAC , une zone d’aménagement concerté pour rénover plusieurs bâtiments. « C’est vrai qu’il y avait des façades misérables. Ça faisait un peu rue à l’abandon » concède Michel Le Bec. Le Bougnat, avec sa façade en bois et son enseigne peinte à la main, est l’un des seuls vestiges de ce passé ouvrier :

« Le propriétaire du Bougnat a été le seul à rester. Il a contesté plusieurs fois son expropriation en justice. Mais il a fini par accepter en juin dernier. »

Les clients sont résignés

A l’entrée du café Au Bougnat, Valérie et Thomas fument une clope avant de rejoindre leur table. Ils travaillent pour une filiale de la BNP , installée à Pantin depuis 2009. La fermeture du Bougnat, ça les chagrine. « On venait manger ici presque tous les midis. On recherche cette atmosphère typique. C’est un troquet traditionnel » explique Thomas entre deux bouffées de Malbac. « A Pantin, il n’y a plus que des brasseries aseptisées » renchérit Valérie.

Valérie et Thomas <3 le Bougna

Valérie et Thomas <3 le Bougnat / Crédits : Tomas Statius

A l’intérieur du bistrot, une foule compacte se presse au comptoir. « Trois petits blancs et un petit jaune pour vous » lance la serveuse, chapeau bleu à paillettes sur la tête. « On a fait 84 couverts hier, on espère passer la barre des 100 aujourd’hui » explique t-elle à un habitué. Accoudés au zinc, Daniel et Gilles, deux pantinois d’adoption, viennent prendre un dernier canon. Déjà, la nostalgie se fait sentir. « Tout le monde se connaît ici. C’est toujours plein » , lâche Gilles :

« C’est un bar de quartier typique. Il faut garder ça. »

Si au comptoir, les verres se vident, les langues ne se délient pas pour autant . Ni la gérante, ni la serveuse n’ont accepté de répondre à nos questions.

Un dernier canon et puis s'en von

Un dernier canon et puis s'en vont / Crédits : Tomas Statius

Zad pépére

Les zadistes de Pantin ne sont pas des va-t-en-guerre. Aucune action coup de poing n’est prévue pour le moment. Les défenseurs du Bougnat comptent sur le bouche-à-oreille pour rallier de nouveaux soutiens. « On va organiser des Bougnat éphémères sur les marchés pour continuer à faire vivre le lieu » , explique Louis-Pierre.

Un troquet centenair

Un troquet centenaire / Crédits : Tomas Statius

Du côté de la mairie, on fait la sourde oreille. Dans un courrier envoyé à Pantin Patrimoine, dévoilé par Le Parisien , l’équipe du maire accuse même les zadistes de refuser la mixité sociale en s’attachant à un bâtiment banal. Un argument qui fait frétiller de colère les moustaches de Michel Le Bec :

« Tout ce que l’on veut, c’est une table ronde pour discuter du Bougnat. On peut garder le café en l’état tout en faisant le projet immobilier. »

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