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« Offensive sur la littérature urbaine » . Il ne s’agit pas d’une nouvelle révolution destinée à renverser un régime politique et à laquelle on donnera un énième surnom végétal mais d’une rencontre entre acteurs et amateurs passionnés de littérature. Organisée par le label de hip-hop Offensive Records et le rappeur XV des Blackara , ils luttent pacifiquement contre la vision élitiste que se font « les jeunes des quartiers » du milieu littéraire. Rendez-vous est pris pour la première édition le 26 janvier au Babel Café dans le 11ème arrondissement.
Faire exister un autre moyen d’expression à coté du rap
A la lecture du communiqué de presse on s’attendait à une nouvelle soirée plan-plan où des auteurs édités viennent lire leur texte devant un public bien sage. On comprend vite que l’évènement ouvert à tous peut être assimilé comme dans la culture hip-hop à un open mic: N’importe qui peut prendre le micro pour s’exprimer comme l’explique XV des Blakara, physique de footballeur américain et casquette vissée sur la tête : « A la base j’anime une émission de radio, Glory Time sur 106.3 FM , et j’ai reçu beaucoup de gens qui écrivaient mais qui ne voulaient pas faire de musique et qui n’écrivaient pas assez pour être édités. Ils voulaient donc faire exister leurs textes. Je me suis dit qu’il fallait créer quelque chose pour eux ».
L’esprit hip-hop est bel et bien présent au Babel Café, situé à deux pas des locaux de la radio Générations FM . Dès qu’on pousse les portes du café, on se retrouve immergé dans un univers old-school où le DJ est noyé dans ses vinyles de rap, de funk, et de R&B des années 90. I Got Five On it squatte les baffles.
Pourtant l’ambition de la « littérature urbaine » est de s’écarter du rap en offrant un autre moyen d’expression qui colle un peu moins à l’image de la banlieue. « La personne écrira son mal-être ou ses envies, c’est le même principe que le rap. Mais il faut encourager les gens à mettre leurs écrits en avant et attirer ceux qui sont réfractaires à la littérature et qui trouvent ça ennuyant », explique XV, devenu lecteur assidu suite à un séjour en prison. « La littérature n’existe pas que pour un groupe de personnes. Les jeunes des quartiers se disent que la littérature ce n’est pas pour eux et il faut dépasser ça ».
XV de Blakara / Comment j ai découvert la lecture
« Quand j’étais petit, ma sœur me forçait à lire et un jour elle m’a donné l’Alchimiste de Paulo Coelho que j’ai lu très lentement, en six ou sept mois, et je l’ai tellement aimé que je l’ai relu encore une fois. J’ai ensuite lu tous les livres de Paulo Coelho mais c’est pendant mon séjour en prison que je m’y suis mis réellement. J’avais beaucoup de temps et j’ai lu des classiques comme La Condition Humaine de Malraux ou Le Parfum de Süskind pendant une semaine où je n’avais pas la télévision et j’ai compris la différence entre lire des mots et lire un livre. Lire un livre réveille tellement ton inspiration que tu vois les images. Avant je ne comprenais pas les gens qui disaient que le livre est toujours mieux que son adaptation au cinéma, et quand j’ai lu le Da Vinci Code de Brown et vu le film, j’ai compris ce qu’ils ressentaient. Un livre est propre à l’auteur, et chacun amène sa vérité aux autres par le biais de son livre. »
L’influence de Rachid Santaki ou Robert Green
Au Café Babel se côtoient des personnes de tout âge, de tout style et de toutes origines. Les passionnés d’écriture sont mélangés avec des auteurs édités comme Nadir Dendoune ou Rachid Santaki . La peur de prendre le micro est vite mise de côté et les plus téméraires se lancent.
Storia par exemple, jeune homme de 27 ans qui écrit depuis ses 14 ans, originaire de Paris et membre du groupe de rap Alma Libre, livre un texte émouvant sur l’amour et la tendresse. Il y a aussi ceux, qui faute d’écrire eux-mêmes, lisent des textes écrits par leurs amis ou encore des passages d’un livre qu’ils ont particulièrement aimé comme Power, les 48 lois du pouvoir de Robert Green ou des Anges s’habillent en caillera de Rachid Santaki.
La frilosité de l’industrie de l’édition
Malgré les initiatives pour promouvoir la « littérature urbaine », rares sont les écrivains qui peuvent espérer trouver un éditeur. Khalid El Bahji, membre du collectif « Qui fait la France ? » et co-auteur de l’ouvrage Chroniques d’une société annoncée , a déclamé un texte sur l’industrie littéraire « face à laquelle il ne faut plus être complaisant ni courber l’échine à certaines exigences illégitimes ». Acide, il témoigne: « Je ne vais pas mentir ou romancer mes propos, j’ai eu tellement de mal avec l’industrie de l’édition que l’idée de l’auto-édition m’a traversé l’esprit. » A moins que comme pour le hip-hop, « la littérature urbaine » trouve ses entrepreneurs.
Nadir Dendoune: « Je n aime pas le terme de littérature urbaine »
Quand quelqu’un du 16e arrondissement écrit un livre on ne le qualifie pas « d’auteur du 16e ». Est-ce qu’il y’a une littérature de l’autre côté du périph ? Non ! C’est comme la musique, c’est universel. Cela peut paraître choquant mais je suis plus lu en dehors des banlieues, car premièrement pour acheter un livre à seize euros il faut en avoir les moyens. On est encore loin de la culture pour tous et c’est bien dommage. D’un côté, mes histoires parlent plus à des gamins de banlieue car ce sont les mêmes histoires et les mêmes trajectoires, mais je ne me définis pas comme un auteur qui vient de la banlieue. Je trouve même ce terme un peu débile car il nous stigmatise encore plus et en l’utilisant on s’auto-exclue. Nous ne sommes pas de la banlieue mais de la France ! Je peux me sentir plus proche d’un mec qui vit dans le centre de Paris que de celui qui vit çà côté de chez moi. »
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